Actualités
Emmanuelle Llop
Un an déjà...
Merci Emmanuelle Llop pour ce joli texte sur une année pas comme les autres. Gardons espoir d’en sortir vite, même si la situation n’est pas très top pour l’instant.
« Un an …
Triste anniversaire où l’on joue « Retour vers le futur » avec de très (trop ?) nombreux Pr Emmett Brown mais en version drame…
Un an que l’on a mis au ralenti nos activités, personnelles, privées, familiales, scolaires, universitaires et professionnelles et que trop nombreux sont ceux qui ont tout perdu, un proche, le travail de toute une vie ou un nouveau projet…
Un an où après avoir méprisé les masques car semble-t-il on n’en avait pas besoin, on rivalise de créativité pour porter celui qui ira avec notre sac ou notre costume ou bien pour essayer de l’enlever dès qu’on peut…
Un an qu’on collectionne les bouteilles de gel hydroalcoolique en essayant de trouver enfin le combo parfait légèrement parfumé/hydratant mais non-collant et qui ne gicle pas de l’autre côté de la pièce…
Un an que nos mains sont plus souvent alcoolisées que nos foies (foi de quelqu’un qui ne boit quasiment pas : je rêve d’un apéro géant dans toute les villes) …
Un an où on a appris à faire du pain et des gâteaux maison (ah tiens il y a un four dans cette cuisine ?) et où certains ont enfin compris que non, la survie ne passait pas par des stocks de pâtes et de papier toilette, même triple épaisseur …
Un an pendant lequel on est passé de petite grippe exotique à pandémie, en enrichissant constamment notre champ lexical : confinement(s)/déconfinement, conseil de défense sanitaire, fermetures administratives, couvre-feu, distanciel/présentiel, plateau, pic, respirateurs, oxygénation, (première, deuxième, troisième) vague, tension en réa, bulle sanitaire, comorbidité, test PCR, ouvertures de lits (et non, ce n’est pas ouvrir un clic-clac pour un ami dans le salon car il n’est pas recommandé de se réunir), Raoult, clusters, distanciation, aérosolisation, respirateurs, test antigénique, soignants, Big Pharma et les vaccins, antivaxx, ARN messager, vaccinodromes et variants (ça y est, cocorico, on a le nôtre et il est breton !)…
Un an que, pour ceux qui ont eu cette chance, les sorties resto-ciné-théâtre-concert se comptent sur les doigts d’une main ou deux…
Un an où l’on a vu naître de nombreux spécialistes auto-proclamés en infectiologie, épidémiologie, santé publique, vaccins et autres pangolins et chauve-souris …
Un an que le secteur du tourisme pour lequel j’ai le bonheur de travailler, est malmené entre ouverture-fermeture-réouverture des frontières, Schengen ou non, annulation de vols, remboursement ou avoir, circonstances exceptionnelles et inévitables, force majeure, réclamations des clients, reportages à charge et associations de consommateurs partiales, pass sanitaire ou non ?, baisser de rideau, chômage ou reconversion professionnelle, découragement ou aide de l’Etat … mais où j’ai assisté à de formidables élans de solidarité et d’entraide – via les réseaux sociaux et les outils de visio (bon, on n’en peut plus de Zoom, Skype, Teams et autres Webex mais au moins on se voit). Dans la famille élargie du tourisme, désormais il existera et pour toujours j’en suis certaine, des groupes de travail certes « virtuels » mais solides, lieux uniques d’échange, outils professionnels pratiques, techniques et même juridiques. Laissons à leurs erreurs et récriminations ceux qui se sont mal comportés même si on aura la mémoire longue et que les partenariats vont certainement évoluer…
Un an … que l’on pensait être la durée au-delà laquelle la vie « normale » allait reprendre, ou peut-être une « nouvelle » vie normale ?
Un an qu’en réalité, on ne voit pas la fin de cette ère glaciaire d’un nouveau genre…
Un an que ce satané virus joue avec nos nerfs : dès qu’un espoir apparaît, comme des vaccins gratuits à gogo, c’est la douche froide : attention aux variants plus dangereux, attention à AstraZeneca, associé à 30 cas de phlébites sur plusieurs millions de personnes vaccinées…
Un an qu’on a inventé de nouvelles manières de se voir, se cultiver, se dire qu’on s’aime et de s’aider les uns les autres…
Un an qu’on tremble, qu’on espère, qu’on a peur et qu’on essaie de se rassurer.
Un an. »
À voir aussi